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Le blog de Pierre Courbebaisse

Evaluer les politiques de l'emploi et de la formation

12 Septembre 2014 , Rédigé par Pierre Courbebaisse Publié dans #Politique de l'emploi

Au cours des 40 dernières années, les politiques de l’emploi et de la formation se sont souvent réduites à du bricolage. Très souvent, elles n'ont pas été évaluées. Au total, elles ont souvent été perçues par le grand public et les entreprises comme des rustines appliquées à la formation professionnelle initiale.

Je suis pour une approche résolument pragmatique qui partirait de nos systèmes de formation, des besoins d’autonomie des jeunes et de l'objectif d'insertion durable dans l’entreprise. L’intégration dans le monde du travail permet l’émancipation et l'autonomie. Quoi de mieux pour favoriser l’accès à l’autonomie et à l’insertion durable qu’une professionnalisation à l’aide des différents dispositifs de formation alternée : école et stages pratiques, contrats d’apprentissage ou de professionnalisation. Au regard du nombre de jeunes obligés de subvenir à leurs besoins pendant leurs études et/ou en recherche d’une expérience professionnelle, il faut faciliter la possibilité de poursuivre des études tout en travaillant. Cela demande à la formation professionnelle initiale ou continue de bien vouloir adapter l'emploi du temps des étudiants. Pour les pousser dans ce sens, un droit à l’alternance pour chaque jeune devrait être inscrit dans le Code de l’Education et dans le Code du Travail.

Quelle méthode employer ?
Les politiques de l'emploi et de la formation ont deux défauts majeurs : elles ne sont pas évaluées et changent trop souvent d'objectif, passant des jeunes aux seniors. On mélange des objectifs différents qui sont, soit du domaine de l'emploi et de la formation, soit parfois de la politique de la ville. On en arrive au fait que les crédits alloués à l'alternance soient siphonnés par des mesures en faveur des emplois d’avenir limités aux jeunes en grande difficulté. Or pour le même budget, l'alternance permet de former 400 000 apprentis et d'en conduire quelque 70% à un poste en CDI. De l'autre côté, on touche 35 000 jeunes de quartiers en difficulté. Ce n'est pas la même chose et les mesures plus facile à valoriser auprès des média sont privilégiées, alors qu'il n'y a aucune politique plus performante que l'alternance.
Pour améliorer le système, il faudrait réaliser en toute transparence une évaluation globale systématique des politiques en direction des jeunes. Il faudrait également optimiser les budgets des politiques en faveur de l'emploi et de la formation. La priorité doit être donnée aux dispositifs d’alternance qui ont déjà prouvé leur efficacité, y compris pour les jeunes des cursus de formation générale. Il ne s’agit pas de faire le procès de tel ou tel ministère ou plan emplois. Mais peut-on continuer à financer de multiples structures de formation, d’orientation ou d’accompagnement sans savoir si elles sont efficaces?

Dernier point : il est nécessaire de sanctuariser le budget des mesures pour l'emploi et la formation. Cela offrirait une visibilité exceptionnelle aux entreprises et leur permettrait de recruter les jeunes formés. Cela encouragerait également les autres acteurs, comme les collectivités locales, à s'investir et à être partie prenante dans l’accueil et la formation des jeunes.

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