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Le blog de Pierre Courbebaisse

Le contrat de génération : une troisième voie pour l'alternance

11 Janvier 2013 , Rédigé par Pierre Courbebaisse Publié dans #Politique de l'emploi

Les députés qui débattent en ce moment sur le contrat de génération ont-ils conscience que la future loi peut être l'occasion de renouveler la formation en alternance ? Certes, les objectifs de ce texte sont déjà pluriels. Il s'agit en effet de créer quelque 500 000 embauches en CDI pour les jeunes de moins de 26 ans (moins de 30 ans pour un jeune handicapé), tout en sécurisant le poste d'un nombre équivalent de seniors de 57 ans ou plus (55 pour une personne handicapée). Or, ce texte ne prend en compte ni la faiblesse de la formation initiale d'un grand nombre de jeunes demandeurs d'emploi, ni les rigidités liées à la formation en alternance. Toutes les entreprises ne peuvent en effet répondre aux conditions imposées par les deux formules de formation en alternance que sont le contrat d'apprentissage et le contrat de professionnalisation.

Plus de 30% des entreprises françaises n'accueillent aucun jeune en alternance. Ni en stage alterné (formation professionnelle initiale), ni en formation en alternance. La création du contrat de génération – qui, malgré son nom, ne nécessite pas de contrat spécifique - pourrait permettre un nouvel élan de la formation en alternance. A condition de ne pas exclure les jeunes qui rentrent sur le marché du travail avec des contrats précaires. C'est le cas de plus de la moitié des moins de 26 ans actuellement. Or le contrat de génération tel qu'il a été présenté jusqu'à présent, exige que le jeune embauché soit engagé en CDI pour permettre à l'entreprise de bénéficier de l'aide de l'état (2000 euros par jeune et par an sur trois ans). En permettant aux contrats précaires – pour une durée minimum de 6 mois – de bénéficier du dispositif de contrat de génération, on permettrait à de nombreux jeunes gens en situation professionnelle réelle de bénéficier d'une formation en alternance.

Les périodes de formation seraient financées par l'ensemble des dispositifs existants de la formation professionnelle continue. Pour éviter toute dérive, un organisme de formation agréé serait co-pilote du dispositif et le jeune concerné devrait préparer tout ou partie d'un diplôme ou d'une certification professionnelle. Une ouverture de ce type permettrait d'augmenter le nombre de jeunes bien formés. On peut estimer que plus de 100 000 alternants supplémentaires seraient concernés sur les cinq prochaines années. Aujourd'hui, seuls 84% des 25 – 34 ans disposent d'un diplôme de niveau secondaire en France. C'est quatre points de moins qu'aux Etats-Unis et quasiment seize de moins qu'au Japon. Sans compter que les diplômes détenus sont largement déconnectés des besoins du marché du travail. Un contrat de génération « formateur » permettrait de réduire ce retard.

Il permettrait également d'insérer durablement les jeunes gens en échec scolaire ou en situation d'exclusion. Ces personnes en difficulté, dont le niveau est majoritairement inférieur au CAP, pourraient bénéficier d'un contrat de professionnalisation « renforcé » en plus de l'aide financière de l'Etat. Il comprendrait une aide à l'orientation du candidat, des conseils (gratuits) au recrutement pour l'entreprise, et un tuteur externe pour aider le tuteur interne et prendre en charge les éventuels problèmes sociaux ou psychologiques.

Allons messieurs les députés, faites un effort d'imagination. Il en va de l'intérêt des jeunes comme des entreprises de notre pays.

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