La formation des jeunes mérite une vraie réforme

Le vote récent, par le Parlement, de la réforme de la formation professionnelle laisse un goût d'inachevé. Certes, le texte révise le financement de la formation et accroît les pouvoirs des régions dans ce domaine. Il introduit également plus de transparence dans la collecte et la répartition des financements. Il encourage enfin la conclusion de contrats de génération dans les entreprises de taille moyenne. Mais il ne fait aucune proposition sur la formation des jeunes de moins de 25 ans.

Or le financement supplémentaire dont bénéficieront les Centres de formation des apprentis à partir de janvier 2015 ne sera pas suffisant pour enrayer le recul des entrées en apprentissage (-8,1% en 2013), ni celui des signatures de contrat de professionnalisation (-5%) ? Tout d'abord parce que le gouvernement a annoncé une réduction de 550 millions d'euros (-20%) des aides publiques à l'embauche d'apprentis, l'été dernier. La conjoncture est toujours mal orientée et n'incite pas les TPE et PME – les entreprises qui signent le plus grand nombre de contrats – à prendre des risques financiers. Enfin, les contrats d'avenir concurrencent fortement les formations en alternance car leur coût est moins élevé pour les entreprises.

Avec 24,4% de taux de chômage moyen, les jeunes de moins de 25 ans paient un lourd tribut à la conjoncture économique. Si l'on prend en compte le nombre de jeunes gens encore en formation initiale, quelque 10% de chaque classe d'âge est victime du chômage avant 25 ans. Notre pays manque de gens bien formés dans un certain nombre de métiers et parallèlement, les jeunes adultes qualifiés, pour certains ayant en poche un diplôme universitaire, sont confrontés à de nombreux obstacles pour entrer dans la vie professionnelle. Les entreprises exigent régulièrement de l'expérience professionnelle pour embaucher un salarié, ce qui exclut d'emblée un certain nombre de jeunes diplômés. Pour acquérir un minimum d'expérience, nombre d'entre eux sont obligés d'accepter des stages à peine rémunérés pendant leurs premières années de présence sur le marché du travail.

Cette situation révèle un manque d'alternance et de diversification dans les formations proposées. Notre système de formation professionnelle est caractérisé par des filières trop cloisonnées qui ne permettent pas de passer facilement d'une formation universitaire classique à une formation professionnelle en alternance. Or la formation en alternance et l'apprentissage sont les voies royales pour permettre aux jeunes gens d'engranger de l'expérience de terrain. Enfin, les doubles « cursus », consistant en une formation métier et un apport d'information en matière de gestion doivent également être développés car ils constituent un indéniable plus pour trouver du travail rapidement.

Si nous voulons que le chômage des jeunes diminue de façon importante, il est indispensable d'avoir de l'imagination pour revoir notre système de formation et l'adapter aux besoins réels des entreprises. Cela demande une grande capacité d'écoute pour répondre aux besoins exprimés et souvent non exprimés des petites entreprises…

article publié sur le Cercle Les Echos